Que se passe t-il dans l’Europe en début du 20ème siècle ?
L’Allemagne essaie d’élargir ses marchés et ainsi son empire, la Grande-Bretagne s’inquiète de la remise en cause de sa domination commerciale et coloniale et la France rêve de reprendre ses territoires perdus en 1871 : l’Alsace-Lorraine.
Pour s'affirmer sur la scène internationale, les puissances européennes doivent réussir à mieux imposer leurs intérêts géopolitiques. En conséquence, le maintien de leurs empires dépend de leur capacité à se maintenir comme puissance coloniale forte.
Une question centrale il y a 100 ans, mais qui aujourd’hui n’apparaît guère dans le traitement de l’Histoire européenne, que ce soit en Allemagne ou en France. Nous entendons surtout parler des bienfaits du colonialisme pour la France ou de l’affirmation que l’Allemagne n’a pas eu de colonies.
Quand, en 2011, un nouveau programme de l’Education Nationale concernant l’enseignement d’histoire-géographie-éducation civique tente d’y remédier en promouvant « une ouverture sur l’Histoire de l’Europe et du monde » , des historiens et collectifs défendant l’idée que « notre histoire forge notre avenir » se révoltent. Ils s’insurgent contre le nouveau programme et la façon dont il aborde les sujets de la colonisation, des traites négrières et de l’esclavage, qui contribue selon eux « à donner une vision culpabilisatrice de l’Histoire. »
Ce cycle de trois échanges de jeunes a pour objectif de travailler sur la question de l’enseignement de la relation des pays européens et africains au cours de l’Histoire dans les lycées. Comment celui-ci peut-il se faire sans reproduction de stéréotypes et clichés coloniaux, ni sentiment de culpabilisation ? Le but est de construire avec les élèves une mallette pédagogique qui puisse être mise à disposition des enseignants en Histoire-Géographie et utilisée dans des contextes de l’éducation non-formelle.
Cette mallette sera essentiellement constituée des outils (textes, vidéo, audio,..) élaborés avec et par les jeunes participants lors des trois phases de l’échange, à partir de leurs réflexions et témoignages.
Nous sommes persuadé-e-s que les écoles sont des lieux où l’on pourrait faire tabula rasa des préjugés et du racisme si l’on y dispensait un enseignement ouvert sur le monde. Les identités diverses des élèves et leurs influences sur la réception des enseignements ne sont pour autant pas à négliger. C’est pourquoi, l’enseignement doit également offrir des espaces de paroles pour les jeunes, afin que l’on puisse traiter ensemble notre passé douloureux et commun et apprendre tout d’abord à le (re-)connaître. C’est par la suite, quand nous aurons appris à contextualiser les discours post-coloniaux actuels, emprunts de xénophobie et de racisme, et à les relier à des périodes données de l’histoire, que nous pourrons transformer le présent et contribuer à l’émergence de plus de sérénité et de compréhension au sein de nos sociétés.
Ce projet d’échange de jeunes s’inscrit dans une longue et riche expérience de projets franco-allemand-algériens de l’association Une Terre Culturelle et ses partenaires. Il fait par ailleurs parti d’une trilogie de projets franco-allemand-algérien de jeunes qui a commencé en 2013 avec le projet « Yadra – se souvenir pour construire l’avenir » et s’est poursuivi en 2014-2015 avec le projet « Mon Histoire – ton Histoire – quelle Histoire ?! ». Ces trois projets se dédient, de par leur contenu pédagogique et leur méthodologie basée sur l’apprentissage interculturel, à l’émergence d’un jeunesse euro-méditerranéenne, notamment entre les jeunesses de France, d’Allemagne et d’Algérie.
Nous planifions la première phase de l’échange à Marseille du 24 avril au 01 mai 2016. L’échange de jeunes multiplicateurs « Yadra ! Le dialogue interculturel comme préalable à la citoyenneté euro-méditerranéenne » aura lieu en même temps dans la région PACA et les jeunes de l’échange pourront participer activement à l’élaboration de certains moments du programme lors de cette tournée-rencontres. Ils-elles profiteront ainsi de cette accroche médiatique pour faire des enquêtes auprès de la société civile et récolter témoignages et opinions de la part des spectateurs.
Cette première phase permettra aux participant-e-s de faire connaissance avec les participant-e-s des deux projets précédents, notamment lors de moments de valorisation de leur projets : la tournée-rencontres YADRA , la présentation du livret qui a été produit pendant l’échange « Mon Histoire – Ton Histoire – Quelle Histoire » et la troisième édition du festival « Quartiers libres » qui conclura les trois actions.
Ces échanges avec les autres participant-e-s, ainsi que leur participation aux moments médiatiques forts du programme d’Une Terre Culturelle pendant la semaine, favoriserons leur immersion dans la thématique. Serons également organisés des ateliers thématiques, des méthodes interculturelles et des visites de structures travaillant sur la mémoire et l’histoire pour construire la maquette de la mallette pédagogique avec les participant-e-s lors de cette première phase.
Programme
Au cours de cette rencontre, nous allons aborder la thématique de l’histoire, notamment celle de l’histoire coloniale et sensibiliser les jeunes aux différentes perspectives sur l’histoire commune. C’est l’échange et l’apprentissage interculturel entre la jeunesse des trois pays qui permet de dépassionner les différentes interprétations et perceptions des événements historiques. Les méthodes interculturelles constituent donc le point de départ de cet échange.
La création d’une bonne dynamique du groupe et d’un climat de confiance entre les participant-e-s est indispensable pour permettre un véritable dialogue.
Pour cela, nous allons avoir recours à différentes méthodes :
• Des méthodes de décryptage, des jeux interactifs interculturels favorisant la connaissance de sa propre culture et des autres cultures et des jeux de coopération.
• Des activités ludiques, pour aborder la thématique de l'histoire par un autre biais que la discussion.
• Des exercices et des jeux d’animation linguistique pour sensibiliser les participant-e-s à l’apprentissage d’autres langues.
• Des méthodes de l'apprentissage interculturel qui permettent de révéler les différentes perceptions et interprétations de l'histoire commune.
• Méthodes de gestion de conflits et médiation
• Participation active lors de la tournée-rencontres « Yadra », le festival « Quartiers Libres » et la présentation publique du livret produit pendant l’échange de jeunes « Mon Histoire – Ton Histoire – Quelle Histoire ! »
Plus d’informations
Les organisations partenaires ainsi que les membres de l’équipe pédagogique disposent de longues années d'expérience en organisation d'échanges de jeunes et de formations interculturelles dans le cadre des projets OFAJ et européens. L’équipe se compose de 6 personnes, des animateurs-trices certifié-e-s par l’OFAJ ainsi que des médiateurs-trices et professeurs de lycée. Ainsi, l’équipe pédagogique réunit toutes les compétences et expériences nécessaires pour préparer, animer et encadrer cette rencontre de jeunes.
Les organisations partenaires ont travaillé ensemble sur de nombreux projets dans le passé et collaborent d'une façon professionnelle basée sur le principe de réciprocité.
Déroulement du projet
Ensemble, les participant-e-s vont découvrir des lieux d’histoire dans les trois villes de Marseille, Oran et Berlin, toutes ayant un passé mouvementé et une histoire riche à découvrir.
Par la suite nous allons rencontrer pendant la semaine des spectateurs et visiteurs des manifestations publiques d’Une Terre Culturelle et interviewer les personnes qui participent. Cela permettra d’acquérir une vision de l’histoire ne figurant pas forcément dans les lieux de mémoire, les musées et les livres d’histoire. La préparation des rencontres avec les témoins va permettre aux participant-e-s de s’informer et d’échanger encore sur la thématique et de développer des questions ensemble.
La participation active des jeunes est un élément indispensable de ce projet. C'est pourquoi une préparation des groupes se fera avec leurs enseignant-e-s en coopération avec les animateurs-trices interculturel-le-s du pays respectif. Cette préparation vise à aborder les contenus de la rencontre, mais aussi d'impliquer les jeunes dans le choix et la préparation des méthodes. Nous voudrions « aérer » le programme avec des méthodes ludiques (en lien avec la thématique) et nous allons inviter les jeunes à participer au choix de ces activités, selon leurs talents et leurs envies.
Les trois phases du projet sont construites l’une sur l’autre et sont complémentaires :
La première semaine à Marseille (concernée par cette demande de subvention) mettra l’accent sur la découverte de l’Autre et la création d’une bonne dynamique du groupe qui est indispensable pour tout travail commun. En outre, une introduction à la thématique et bien sûr la découverte de Marseille, ses quartiers et son histoire seront au programme de cette semaine.
Les deuxième et troisième phase se dérouleront respectivement à Oran et à Berlin et vont servir à approfondir les échanges sur l’histoire et la mémoire. Elles permettront également aux jeunes de découvrir les réalités locales des deux villes. Nous travaillerons aussi concrètement sur la création de la mallette.
Comme à Marseille, des visites de lieux de mémoire et des rencontres de personnes témoins des événements historiques faciliteront l’approche de notre thématique.
La dernière phase sera dédiée à la finalisation d’un produit commun par le groupe de jeunes. Les outils utilisés pour la réalisation de cette mallette (vidéo, audio, texte, jeux éducatifs,) se décideront avec des petits groupes de travail trinationaux et le résultat sera présenté dans les trois villes et mis à disposition des enseignants et animateurs. Finalement, la dernière phase du projet sera aussi l’occasion d’intensifier les liens entre les jeunes et de résumer le temps passé ensemble.